Soldat, écolière, enseignant, jihadiste... Piégés dans le cercle vicieux des violences qui meurtrissent le centre du Mali depuis 2015, ils ont dû apprendre à survivre, se défendre ou se battre. Chacun représente une facette du conflit.
Pendant un an et demi, pour documenter une réalité humaine souvent délayée dans le décompte des morts, l'AFP a recueilli le témoignage de huit personnes qui ont dû changer de vie.
Les interviews ont été menées à différents moments à Bamako ou à la faveur de déplacements à Mopti et Sévaré, dans une zone d'accès compliqué et dangereux pour les journalistes et les humanitaires.
Dans cette région sahélienne du "centre du Mali", désignée ainsi par opposition aux déserts sahariens du nord, les violences ont débuté en 2015 avec l'apparition d'un groupe jihadiste emmené par le prédicateur peul Amadou Koufa.
Affilié à la nébuleuse Al-Qaïda, il refuse tout Etat, veut imposer une société islamique. Il a largement recruté à l'époque parmi sa communauté peule, marginalisée, avant de diversifier. Avec son émergence ont été ranimés ou avivés de vieux antagonismes entre communautés, autour de la terre notamment.
Des groupes proclamant assurer la défense de leur communauté se sont formés, comme Dan Nan Ambassagou au sein des Dogons. Réunion de villageois soucieux de protéger leurs foyers avant de devenir une milice, Dan Nan Ambassagou a été accusée de crimes contre l'humanité. Elle a été officiellement dissoute mais continue d'opérer.
L'armée y a été accusée par des ONG de collaborer ponctuellement avec Dan Nan Ambassagou contre les jihadistes.
Certains villages ont signé, parfois sous la contrainte, des accords de paix avec le groupe jihadiste de Koufa, la Katiba Macina.
Près de 200.000 personnes ont fui la violence, des milliers ont été tuées.
Les huit anciens habitants des brousses meurtrières se sont confiés à l'AFP en demandant qu'on ne puisse pas les identifier ni les retrouver, par crainte de représailles. Leurs noms ont été changés.
Ils ont accepté de donner le témoignage d'une réalité donnée à un moment précis afin de montrer la complexité du conflit dans le centre du Mali, cercle vicieux fait d'amalgames, de cycles de représailles et d'embrigadement.