Sur les réseaux sociaux, Arman témoignait au quotidien, avec des vidéos qui ont font le tour du monde. JRI rapide, vif, technique il développe un style, une vraie signature, selon son ami Marc-Henri Maisonhaute “subjugué par le ton, les couleurs de ses images ukrainiennes, un peu à la Band of Brothers”. Fin avril 2023, l'équipe découvre un hérisson à l'agonie au fond d'une tranchée. Arman prend sur lui de le ramener à la maison où loge l'AFP. Quelques jours plus tard, "Lucky" (chanceux), retapé, retrouve sa liberté, non sans être devenu une petite célébrité sur Twitter grâce au vidéo journaliste.
"Cette histoire est mignonne, mais n'oubliez pas qu'une guerre sanglante est en cours et que des millions de gens sont déplacés. Aidez en donnant aux ONGs", conclut Arman dans ce qui sera l'un de ses derniers posts. En parallèle, le gai luron aux grandes lunettes rondes, qui "voulait incarner la guerre, mais sans se mettre en avant", avait entamé une collaboration avec un dessinateur pour faire une BD sur l'Ukraine, afin de "faire comprendre aux gens ce qui se passe sur le terrain", relate Diane Dupré. Arman avait évoqué l’idée de quitter l’Ukraine prochainement. Il avait, outre ce projet de BD, des envies de poste à l’étranger et encore et encore de missions sur différents terrains.
C’était “un beau gosse à la tête pleine”, résume son ami Marc-Henri, un émotif, qui pouvait pleurer devant les films, un lecteur d’essai, adepte de Nietzche et du concept “d’amor fati”, “l’amour de sa destinée”.
« Malheureusement, nous ne verrons pas notre Arman revenir de sa mission. Il n'écrira pas de billet sur notre blog "Making-of", il ne chantera pas une autre chanson à tue-tête pour évacuer le stress après une mission de reportage particulièrement difficile, il ne sauvera pas d'autres hérissons. » — Fabrice Fries
La disparition d’Arman Soldin a “troué” le cœur de tous ceux, incroyablement nombreux qui l’avait connu et même de ceux qui ne l’avaient pas eu la chance de le connaitre. Sur la façade de l’AFP, au stade rennais, dans une chapelle ukrainienne de Londres, son portrait s’affiche en grand, casque de guerre, caméra à la main et sourire indéfectible.
« Nous garderons toujours au fond de nous ton grand sourire généreux, ton sourire, ton rire, ton courage, ton attention aux autres, ton énergie, ton enthousiasme, ta joie de vivre. Tout ce que tu étais nous aide aujourd'hui à être forts, à avancer, à continuer à vivre et à sourire malgré la douleur. » — Emmanuel Peuchot
Pour sa maman, pour les siens, il était simplement “toute l’humanité”.